Pourquoi l'éducation positive ?

Rappel des bases sur l’éducation de nos compagnons

Lorsqu’on partage sa vie avec un chien ou un chat, on se rend vite compte qu’« éduquer » ne veut pas forcément dire corriger des comportements anormaux, mais plutôt apprendre à vivre ensemble en harmonie. En effet, certains comportements de nos compagnons sont naturels pour eux, mais peuvent être jugés gênants ou inadaptés dans notre quotidien. En voici quelques exemples :

  • Pour un chien : sauter sur les invités lorsqu’ils entrent dans la maison, tirer sur sa laisse pendant les promenades, aboyer ou  grogner face à un nouvel arrivant ou un bruit inhabituel…
  • Pour un chat : griffer les meubles ou le canapé, mordiller ou pincer pendant le jeu…

L’éducation, dans ce sens, ne doit pas être confondue avec le dressage, qui repose sur l’idée d’imposer des ordres. Elle consiste avant tout à guider l’animal pour l’aider à comprendre ce que l’on attend de lui, tout en respectant ses besoins, sa nature et ses émotions.

Car oui, nos compagnons ressentent la peur, la joie, la frustration, l’enthousiasme… Et ces émotions influencent directement leurs comportements. Les prendre en compte, c’est leur offrir un apprentissage adapté et respectueux.

Comparaison de l’éducation positive avec les méthodes dites « traditionnelles »

L'approche traditionnelle dite "coercitive"

L’éducation traditionnelle ou « coercitive » ou « aversive » repose encore souvent sur les concepts d’autorité, de contrainte, de correction ou de peur (cris, intimidations…), s’appuyant généralement sur des croyances héritées ou des expériences personnelles, comme :

  • L’idée que le chien doit accepter l’autorité du maître comme dans une meute de loups (le maître étant décrit comme le « chef de meute »)
  • La notion de dominance ou de « rang » qui déterminerait la place du chien dans la famille
  • La conviction que le chien doit être soumis à l’humain pour obéir correctement
  • L’usage de punitions dites « positives » (ajout de quelque chose de désagréable pour le chien lorsqu’il adopte un comportement inadapté) ou intimidations pour corriger ou contrôler le comportement du chien

Or, la recherche scientifique a montré que ces notions de « dominance » ou « chef de meute », popularisées dans les années 70 à partir d’observations sur des meutes de loups captives, ne sont pas représentatives du comportement naturel des chiens domestiques, et qu’elles n’ont pas de fondement scientifiques pour justifier leur usage dans l’éducation canine.

Si ces méthodes peuvent sembler produire des résultats immédiats, les études démontrent qu’en réalité, elles impactent négativement le bien-être des chiens. Une étude récente menée au Portugal sur 92 chiens dans 8 écoles canines a en effet montré que les chiens soumis à des méthodes d’éducation aversives :

  • Présentent des signaux significativement plus importants de stress, tension et méfiance (halètements, posture basse, léchage de truffe, bâillements…) que ceux éduqués avec des méthodes positives voire intermédiaires (plus détendus, confiants et motivés)
  • Montrent un biais cognitif pessimiste dans leurs jugements (indicateur d’un mal-être chronique) que ceux éduqués par des méthodes positives (biais cognitif optimiste)

Au-delà, les études montrent que ces méthodes coercitives ont pour conséquence :

  • D’altérer durablement la relation humain-animal
  • De favoriser l’apparition de troubles de comportement chez le chien

Source : de Castro et al., 2020

L'approche dite "positive"

À l’inverse, l’éducation positive, fondée sur le renforcement et la récompense, présente de nombreux bénéfices démontrés par de multiples recherches scientifiques :

  • Renforcement du lien humain-chien : une relation plus proche et confiante
  • Motivation et coopération volontaire : le chien apprend par plaisir et non par peur, ce qui favorise un engagement actif et volontaire
  • Apprentissage durable : l’usage de récompenses améliore souvent la rétention des comportements appris
  • Bien-être et équilibre émotionnel : contrairement aux méthodes coercitives, l’éducation positive limite le stress, les comportements anxieux et l’apparition de biais cognitifs négatifs (tendance à percevoir l’environnement de manière plus « pessimiste » ou défavorable, indicateur d’un bien-être réduit)

L’éducation positive s’appuie sur l’éthologie (science du comportement), ainsi que les  connaissances scientifiques actuelles en matière d’apprentissage et de bien-être animal, permettant de comprendre les origines du comportement, les besoins profonds et les émotions de chaque individu, pour y répondre de manière adaptée.

Les piliers de l’éducation positive sont :

  • Bienveillance
  • Absence de rapport de force
  • Respect de l’animal
  • Éthique et empathie
  • Prise en compte de l’état émotionnel du chien

Cette approche renforce la confiance mutuelle, favorise le bien-être de l’animal (comme l’a montré l’étude citée ci-dessus) et de son humain, et permet un apprentissage plus efficace et serein. Un chien respecté et détendu apprend mieux, s’épanouit davantage et accepte plus sereinement les limites posées.

Fonctionnement et outils de l’éducation positive

Cette méthode repose sur :

  • Le conditionnement opérant, qui repose sur l’idée que les comportements suivis de conséquences agréables ont tendance à se reproduire.

          ➡️ Exemple : un chien qui reçoit une récompense lorsqu’il s’assoit va progressivement adopter ce comportement de lui-même.

  • Le renforcement positif, c’est-à-dire récompenser les bons comportements pour encourager leur répétition. Les moyens peuvent être variés : friandises, caresses, jeu, ou simplement une parole douce selon ce qui motive le plus l’animal.

          ➡️ Exemple : un chat qui utilise son arbre à chat au lieu du canapé sera encouragé par un renforcement positif adapté.

  • Dans certains cas, la punition dite « négative », qui consiste à retirer quelque chose que l’animal désire lorsqu’il adopte un comportement inadapté. C’est une manière de poser des limites sans violence, sans peur et sans tension.

          ➡️ Exemple : face à un chien qui saute pour réclamer de l’attention, on peut tourner le dos et ignorer sa demande jusqu’à ce qu’il se calme.

Rôle de l’éducateur comportementaliste

Le rôle de l’éducateur comportementaliste est celui de « médiateur » entre l’humain et son compagnon, dans cette démarche d’éducation positive.

Sa mission consiste à :

  • Observer et analyser les comportements de l’animal pour en comprendre les causes et les expliquer à son propriétaire,
  • Adapter les méthodes selon le tempérament et le vécu de l’animal, mais aussi le mode de vie et les capacités du binôme,
  • Former une véritable équipe avec le propriétaire, qui va appliquer les conseils au quotidien avec son compagnon,
  • Ajuster et suivre les progrès, pour que l’apprentissage reste efficace et adapté.

En tant qu’éducatrice comportementaliste spécialisée en méthodes positives, je vous accompagne pour mieux comprendre votre compagnon et mettre en place un apprentissage adapté. Découvrez mes services ici, pour en savoir plus sur mes accompagnements personnalisés.

Éducation positive et thérapie comportementale

Dans le contexte d’une thérapie comportementale, l’éducation positive est un atout précieux :

  • L’animal reste maître de son propre comportement : il choisit les actions qui lui apportent satisfaction et bien-être,
  • Les règles de vie sont posées sans contrainte ni peur, et donc acceptées plus facilement

L’apprentissage devient alors durable et la relation humain-animal plus apaisée.

L’éducation positive : pour toute la vie

Finalement, l’éducation positive n’est pas une étape ponctuelle mais un véritable fil conducteur à garder toute la vie de l’animal. Elle permet d’instaurer une communication claire, basée essentiellement sur :

  • Le langage paraverbal (ton, intonation, rythme de la voix)
  • Le langage non verbal (gestes, postures, regards, mimiques),

Auxquels nos compagnons sont particulièrement sensibles. Elle stimule également leur mental, renforce leur équilibre et nourrit le lien de complicité avec leur humain. Et parce que votre compagnon a besoin d’un cadre clair et cohérent pour se sentir serein, cette approche lui offre des repères sécurisants tout en respectant sa nature.

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